« Aucune image de la télévision ne veut ni ne peut nous refléter. C’est avec la vidéo que nous nous raconterons. »

Dans les années 70, les collectifs vidéos féministes se multiplient à l’image du mouvement de libération : Les Insoumuses, Les Cent Fleurs, Vidéa, Airelles Vidéo… s’emparent du support vidéo comme instrument de lutte sur leur propre terrain : créer leurs propres images, se prendre en charge en prenant en charge leur représentation.
Exclues en majorité de la technique et du maniement de l’argent, les femmes s’approprient un outil peu coûteux et moins sophistiqué qu’une caméra 16 ou 35 mm. C’est un support que les hommes ne se sont pas encore réellement approprié, et tout reste à inventer.
Les collectifs vidéos féministes réalisent ainsi des films d’intervention dans une grande liberté formelle. La vidéo est un support qui correspond à l’esprit de leurs luttes : souplesse, proximité, spontanéité. Elle favorise la libération d’une parole « intérieure ». Elle donne aussi la possibilité de concevoir entièrement une
production, de la réalisation au montage,faisant éclater un certain nombre de « cadres » du film documentaire.
Ces films constituent aujourd’hui les matériaux d’une mémoire inédite, la chronologie de cette production militante constituant une fidèle chronique des grandes luttes féministes. Ils en dévoilent un aspect souvent occulté ou méconnu : l’esprit frondeur, joyeusement libertaire dans lequel ces femmes se sont fait entendre dans une société que l’on (re)découvre extrêmement mysogine.
Vendredi 31 mars
En présence d’Hélène Fleckinger, doctorante en Histoire du cinéma à l’université de Paris 1 sur les vidéos féministes des années 70 et 80
Première partie
- Manifestation contre la répression de l’homosexualité, Le Lézard du péril mauve et la Guerrière pamplemousse, 1977, N/B, 23’
A l’occasion d’une manifestation de rue du mouvement gay et lesbien (juin 1977), en lutte contre les positions homophobes d’Anita Bryant, les réalisatrices interrogent les réactions des passants. - Le F.H.A.R. (Front homosexuel d’action révolutionnaire), 1971, Carole Roussopoulos, Vidéo Out, 23’
1971. En quelques mois, Carole Roussopoulos filme l’émergence joyeuse et subversive du mouvement homosexuel dans le champ politique français.
Deuxième partie
- S.C.U.M. Manifesto, réal. Carole Roussopoulos et Delphine Seyrig, 1976, N/B, prod. Les Insoumuses, 28’
Lecture - mise en scène, avec en arrière-plan des informations télévisées, du texte de Valerie Solanas, (écrit en 1967) ; diatribe virulente contre la « domination mâle ». (Society for Cutting Up Men). - Monique (LIP 1), réal. Carole Roussopoulos, 1973, N/B, 25', prod. Vidéo Out
Août 1973, après l'occupation de l'usine Lip de Besançon par les forces de l'ordre, une ouvrière de Lip, Monique Piton, raconte les quatre mois de lutte, la place des femmes, ce qu'elle y a appris, et critique le rôle de la télévision.
NB : La Marche des femmes à Hendaye, (1975, 28’, réal. Carole Roussopoulos et Iona Wieder), initialement programmé, sera remplacé par Monique (LIP 1) .
Samedi 1er avril
en présence d’Anne Faisandier, réalisatrice
Première partie
- Nombrelles, réalisé à l’Institut national d’éducation populaire par un collectif dont : Meryem Delagarde, Anne Faisandier, Perrine Rouillon…, 26’, 1977/1978
Des femmes parlent de leur désir d’enfant, alors que des scènes de direct ponctuent différents moments de la relation mère(et père)/enfant. Un film rare qui décrit et interroge l’aspect intime de la maternité, très peu diffusé depuis sa réalisation. - Y’a qu’à pas baiser ! , 1971, 17’, Carole Roussopoulos, Vidéo Out
Une vidéo militante sur l’avortement, alors illégal en France, une des premières tournées avec du matériel portable, sans commentaire.
Deuxième partie
- Maso et Miso vont en bateau, 1976, 55’, Les Insoumuses
Bernard Pivot invite Françoise Giroud, alors première secrétaire d’Etat à la condition féminine, pour son émission : Encore un jour et l’année de la femme, ouf ! c’est fini. Les Insoumuses « caviardent » la bande enregistrée. Une des premières vidéos scratch en France.